chez nous le poisson meurt de vieillesse

Nutrition : les oméga-3 régulent notre appétit

Le Point.fr - Publié le 20/02/2012 à 12:47
Connus pour leurs effets cardio-vasculaires bénéfiques, les acides gras oméga-3 jouent aussi un rôle dans la régulation du poids.
L'anomalie sur un récepteur aux oméga-3, présente chez 3 % des personnes en surpoids, augmente de 60 % le risque de développer une obésité.

L'anomalie sur un récepteur aux oméga-3, présente chez 3 % des personnes en surpoids, augmente de 60 % le risque de développer une obésité.
Les oméga-3 sont de "bonnes" graisses, présentes en grande quantité dans certains poissons gras, dans les graines de lin ou encore le soja. Tous les nutritionnistes et les cardiologues conseillent leur consommation régulière. Mais les travaux d'une équipe franco-anglo-japonaise, menée par le professeur Philippe Froguel du laboratoire Génomique et maladies métaboliques*, viennent de mettre en évidence, pour la première fois, leur rôle-clé dans la régulation du poids et du métabolisme. C'est d'ailleurs en étudiant une mutation génétique néfaste, qui leur enlève cette propriété bénéfique, que les chercheurs expliquent sur le site de la prestigieuse revue Nature les effets des oméga-3 sur la sensation de satiété, et donc sur la limitation de la prise de nourriture.

"Au niveau sociétal, l'épidémie mondiale d'obésité est due aux modifications de notre mode de vie", rappelle Philippe Froguel. "Mais au niveau individuel, l'hérédité joue un grand rôle : chaque individu réagit différemment à l'environnement et, notamment, à une alimentation déséquilibrée." C'est pourquoi son équipe s'est penchée sur un aspect particulier de cette hérédité, et notamment sur des récepteurs présents dans les cellules de l'intestin, mais aussi du foie, qui captent les lipides alimentaires et transmettent un signal qui commande l'appétit, la préférence alimentaire et le stockage des graisses ingérées.
Pas de satiété

"L'un de ces récepteurs, spécifique aux acides gras insaturés comme les oméga-3, est codé par le gène GPR120", explique le chercheur. "Ce récepteur est particulièrement important, car son activation stimule la production d'insuline et la sécrétion d'hormones qui coupent l'appétit. Il intervient aussi dans le goût pour les graisses et la production de nouvelles cellules adipeuses qui stockent ces dernières." Pour mieux comprendre le rôle de ce gène, les chercheurs ont créé une lignée de souris chez qui ce gène est muté et, par conséquent, chez qui le récepteur n'est pas fonctionnel. Ils les ont ensuite soumises à un régime riche en graisses et en sucres. Résultat : ces souris ont présenté une obésité bien plus rapidement que les animaux témoins. Elles ont aussi développé un diabète et une infiltration lipidique du foie, autant d'anomalies qui ressemblent en tout point à celles que l'on observe chez les personnes obèses et qui peuvent déboucher sur des maladies mortelles, telles que la cirrhose et le cancer du foie, ou l'athérosclérose accélérée.

Parallèlement, les chercheurs ont découvert une mutation spécifique sur ce gène chez 14 500 patients obèses. Cette anomalie est présente chez 3 % des personnes en net surpoids et elle augmente de 60 % le risque de développer une obésité. Chez les porteurs de la mutation, les acides gras insaturés ne déclenchent pas la production d'hormones de la satiété. Parmi ces hormones, on trouve le GLP1, qui est prescrit comme médicament du diabète, car il favorise la production d'insuline. Ces travaux ouvrent donc la voie à des traitements nouveaux contre les maladies hépatiques et lipidiques liées à l'obésité.

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